Cet article, de nature exploratoire, analyse la nature et la portée théorique et empirique des rapprochements en cours entre les industries de l’énergie, des transports et du « numérique ». Plus précisément, il propose une clé de lecture de la stratégie poursuivie par un certain nombre d’entreprises, consistant à organiser un décloisonnement entre ces industries autrefois indépendantes et organisées en silos.
Si le « numérique » pouvait déjà être interprété, dans les années 2000, comme le fruit d’un décloisonnement émanant des opérateurs d’infrastructures, de réseaux et de services de télécommunications, celui-ci ne s’était opéré que « verticalement », c’est-à-dire le long d’une chaîne de la valeur reliant clients et fournisseurs, au sein du silo des communications électroniques. Les opérateurs avaient alors tiré parti de la « standardisation diversifiante » rendue possible par les évolutions des Technologies de l’Information et de la Communication ayant induit la « numérisation » des contenus écrits, audio et vidéo issus du monde « analogique » et une diversification accrue de la nature des usages des TIC (Le Goff, 2000, 57-69). Aussi, notre analyse entre en résonnance avec les travaux très récents de Porter et Heppelmann (2014), abordant l’évolution du numérique à travers le filtre du développement des objets connectés et des « big data »…